La communication entre deux personnes est influencée par la façon dont chacune envisage sa construction du monde.
L'expression de "la construction du monde" est empruntée à Mony Elkaïm, psychiatre, psychothérapeute et l’une des principales figures de la thérapie familiale systémique.
Le courant philosophique du constructivisme propose une approche de la connaissance reposant sur l'idée que notre image de la réalité, ou les notions structurant cette image, sont le produit de l'esprit humain en interaction avec cette réalité, et non le reflet exact de la réalité elle-même.
L'individu construit sa réalité à partir de ses perceptions.
Or, nos perceptions sont conditionnées par nos croyances.
Nous ne percevons que ce que nous nous attendons à percevoir ("On ne voit que ce qu'on croit." Humberto Maturana).
Toutefois, notre réalité existe bel et bien.
Pour chacun d'entre nous, sa propre construction du monde est donc un filtre personnel.
Elle se fait à partir du contexte dans lequel il évolue (familial, culturel, traditionnel, professionnel, social, économique, géographique, politique...).
Bien entendu, pour éviter les distorsions qui risqueraient de faire douter de notre santé mentale, il est préférable que le filtre corresponde à la réalité.
Si on considère la réalité comme étant le territoire, notre construction du monde est notre carte pour connaître ce territoire. Toutefois, aucune carte ne peut représenter la totalité du territoire, sous tous ses aspects.
Ce qui n'empêche pas que, pour vivre avec les autres, il vaut mieux partager la même carte.
Lorsque deux individus entrent en interaction par la communication, chacun va confronter sa vision du monde avec celle de l'autre. Ceci présente plusieurs difficultés :
Le risque de contraindre l'un à accepter ou à s'opposer à la vision du monde de l’autre. Comme si la perception de l'un et de l'autre entrait dans un jeu où il ne peut y avoir qu'un « gagnant ».
Il y a risque de confondre ce que "j'observe" ("moi, je...") de ce qui "est".
"Je" cherche alors à imposer "ma" réalité.
Une des difficultés que nous avons à écouter la construction du monde de l'autre,
c'est que nous pensons qu'écouter, c'est approuver.
Si l'on comprend le principe de la construction du monde, alors, pour faciliter les interactions avec les autres, l'idée est de chercher dans quelle mesure les croyances peuvent coexister… COLLABORER.
Une perception n'annule pas l'autre, mais l'enrichit. Il faut passer du "ou" exclusif (ou j'ai raison, ou tu as raison) au "et aussi" (j'ai raison, et toi aussi tu as raison).
Les nouvelles visions n'annulent pas les anciennes, elles s'y ajoutent.
« Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis » (Antoine de Saint Exupéry)
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